Helicobacter pylori, ou H. pylori, est une bactérie qui habite l’estomac d’une grande partie de la population mondiale. Si elle reste inoffensive chez la majorité des porteurs, elle peut parfois causer des troubles digestifs sérieux, voire des maladies graves. Découverte relativement tard, cette bactérie a révolutionné la compréhension de certaines pathologies gastriques, en particulier les ulcères et les cancers de l’estomac. Explorons en détail cette bactérie surprenante, ses effets et les moyens de la détecter et de la traiter.

Une présence silencieuse de Helicobacter pylori
H. pylori est une bactérie en forme d’hélice qui colonise les parois de l’estomac. Elle est particulièrement résistante, capable de survivre dans un environnement extrêmement acide grâce à une enzyme qu’elle sécrète, appelée uréase. Cette enzyme neutralise l’acidité locale en créant une zone protectrice au pH neutre autour de la bactérie.
Environ 10 à 20 % des habitants des pays développés, comme la Suisse, sont porteurs d’H. pylori, contre près de 70 % dans les pays émergents. Malgré cette prévalence, seule une fraction des porteurs – entre 10 et 15 % – développe des symptômes ou des complications. Cette asymptomatique rend l’infection difficile à détecter sans dépistage spécifique.
Les maladies liées à H. pylori
Gastrite et ulcères
L’une des conséquences les plus courantes de la présence d’H. pylori est la gastrite, une inflammation de la paroi interne de l’estomac. Si elle n’est pas traitée, cette inflammation peut devenir chronique, entraînant des lésions de l’épithélium gastrique. Dans certains cas, elle évolue en ulcères, des plaies profondes qui peuvent affecter toutes les couches de l’estomac.
Contrairement aux idées reçues, les ulcères ne sont pas uniquement causés par le stress ou l’alimentation. Environ 85 % des cas d’ulcères gastriques ou duodénaux sont associés soit à H. pylori, soit à l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), ou aux deux.
Cancer de l’estomac
H. pylori est classée comme agent cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est impliquée dans environ 80 % des cas de cancer gastrique, principalement en raison de son effet inflammatoire chronique et de sa capacité à produire des toxines qui endommagent les cellules de l’estomac.
En savoir plus sur les different types de troubles digestifs
Transmission et facteurs de risque
H. pylori se transmet principalement par voie orofécale, souvent au sein des familles. Les enfants sont particulièrement vulnérables, l’infection étant souvent acquise dès le plus jeune âge. Les mauvaises conditions d’hygiène favorisent également sa propagation.
Certains facteurs augmentent le risque d’infection ou de complications :
- Utilisation régulière d’AINS pour traiter des douleurs ou inflammations.
- Traitements immunosuppresseurs ou chimiothérapies.
- Antécédents familiaux de cancers gastriques.
- Déficits en fer ou en vitamine B12.
Symptômes associés à Helicobacter pylori
Dans de nombreux cas, l’infection à H. pylori reste silencieuse. Cependant, lorsqu’elle devient symptomatique, elle peut provoquer :
- Des douleurs ou une sensation d’inconfort dans le haut de l’abdomen.
- Une indigestion ou une satiété précoce.
- Des ballonnements ou des brûlures d’estomac.
- Une sensation de plénitude après les repas.
Ces symptômes, regroupés sous le terme de dyspepsie, peuvent diminuer après les repas mais nécessitent un dépistage pour identifier leur origine.
Comment détecter H. pylori ?
Plusieurs méthodes permettent de diagnostiquer une infection à H. pylori :
- Test respiratoire à l’urée : Non invasif, il détecte la présence de l’enzyme uréase produite par la bactérie.
- Analyse des selles ou de la salive : Ces tests détectent des antigènes spécifiques de la bactérie.
- Gastroscopie : Cet examen plus invasif permet non seulement de confirmer la présence d’H. pylori, mais aussi d’évaluer les dommages causés à l’estomac.
Le choix du test dépend de l’âge du patient, de ses symptômes et de son historique médical.
Traitement de l’infection
Une fois l’infection confirmée, un traitement combiné d’antibiotiques est généralement prescrit. Ce traitement, qui dure de 10 à 15 jours, inclut également des inhibiteurs de la pompe à protons pour réduire l’acidité de l’estomac et améliorer l’efficacité des antibiotiques.
Le dépistage et le traitement sont particulièrement importants pour prévenir les complications graves, comme les ulcères ou le cancer gastrique.
Découverte et reconnaissance scientifique
La découverte d’H. pylori a révolutionné le traitement des maladies gastriques. Avant les années 1980, les ulcères étaient attribués à un excès d’acidité ou au stress. Les chercheurs australiens Barry Marshall et Robin Warren ont prouvé que la bactérie était responsable de nombreuses pathologies gastriques, un travail qui leur a valu le prix Nobel de médecine en 2005.
Leur découverte a changé la donne, permettant de traiter les ulcères avec des antibiotiques plutôt qu’avec des traitements uniquement symptomatiques.
En résumé Helicobacter pylori : Une bactérie dangereuse
H. pylori est une bactérie fascinante et tenace, capable de survivre dans des conditions hostiles. Si elle reste inoffensive chez la majorité des porteurs, elle peut provoquer des maladies graves comme la gastrite, les ulcères et le cancer de l’estomac.
Le dépistage et le traitement sont essentiels pour prévenir les complications, notamment chez les personnes présentant des facteurs de risque ou des symptômes digestifs persistants. Grâce à une meilleure compréhension de cette bactérie, il est désormais possible de la traiter efficacement et d’améliorer la qualité de vie des personnes affectées.