Le gluten a longtemps été accusé de perturber nos intestins, mais pourrait-il aussi jouer un rôle dans nos émotions et nos pensées ? Entre les adeptes du sans gluten qui témoignent d’une « meilleure clarté mentale » et des études émergentes sur l’axe intestin-cerveau, le lien entre gluten et santé mentale intrigue de plus en plus les chercheurs. Mais qu’en est-il vraiment ? Est-ce une piste sérieuse ou une simple lubie bien-être ? Plongée dans le cerveau d’un phénomène encore méconnu.

le gluten intestinmaux de ventre

L’axe intestin-cerveau : une connexion bien réelle

Avant de parler du gluten, il est essentiel de comprendre le concept d’axe intestin-cerveau. Ce système de communication bidirectionnel relie notre système digestif à notre cerveau via :

  • Le nerf vague, une autoroute nerveuse majeure.
  • Les hormones : des messagers chimiques influencés par l’état de nos intestins.
  • Le microbiote intestinal : cette communauté de bactéries qui joue un rôle clé dans la digestion et la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine (souvent appelée l’hormone du bonheur).

Lorsque nos intestins sont perturbés, cela peut provoquer des signaux inflammatoires ou des déséquilibres chimiques qui affectent directement notre cerveau. Et c’est ici que le gluten entre en jeu.

Gluten et inflammation : un facteur déclencheur ?

Chez certaines personnes, le gluten peut provoquer une inflammation, et pas seulement dans les intestins.

Maladie cœliaque et troubles neuropsychiatriques

Pour les personnes atteintes de maladie cœliaque, la consommation de gluten déclenche une réponse auto-immune qui endommage la paroi intestinale. Mais les effets ne s’arrêtent pas là. Plusieurs études, comme celle publiée dans The American Journal of Psychiatry, ont montré une prévalence accrue de troubles neuropsychiatriques chez les cœliaques, notamment :

  • Anxiété et dépression
  • Troubles de l’humeur
  • « Brain fog » (brouillard mental) : une sensation de confusion ou de lenteur mentale.

Cette connexion pourrait être liée à l’inflammation systémique causée par le gluten, qui affecte le fonctionnement du cerveau.

Hypersensibilité au gluten non cœliaque (HGCNC)

Les personnes hypersensibles au gluten, bien qu’elles ne présentent pas les marqueurs biologiques de la maladie cœliaque, rapportent également des symptômes similaires, y compris des troubles de l’humeur et de la fatigue mentale. Les mécanismes précis restent flous, mais il est possible que le gluten exacerbe une inflammation de bas grade ou un déséquilibre du microbiote chez ces individus.

Le microbiote intestinal : le gluten, un perturbateur potentiel ?

Le gluten pourrait aussi influencer la santé mentale via son impact sur le microbiote intestinal.

Gluten et diversité bactérienne

Une étude publiée dans Frontiers in Microbiology a montré que le gluten pouvait altérer la composition du microbiote chez certaines personnes sensibles, favorisant des bactéries pro-inflammatoires. Un microbiote déséquilibré est associé à des troubles comme l’anxiété et la dépression, renforçant le lien potentiel entre gluten et santé mentale.

Perméabilité intestinale et « leaky gut »

Le gluten stimule la production de zonuline, une protéine qui régule la perméabilité intestinale. Chez certaines personnes, une surproduction de zonuline peut provoquer un « intestin perméable », permettant à des particules inflammatoires de pénétrer dans la circulation sanguine et d’atteindre le cerveau. Ce phénomène pourrait jouer un rôle dans les troubles de l’humeur.

Le gluten : un effet placebo (ou nocebo) ?

Le pouvoir de l’esprit est bien documenté, et les effets placebo ou nocebo pourraient expliquer certains des bienfaits rapportés par les adeptes du sans gluten.

  • Effet placebo : Les personnes qui éliminent le gluten de leur alimentation et s’attendent à se sentir mieux peuvent ressentir une amélioration, même si le gluten n’était pas réellement en cause.
  • Effet nocebo : À l’inverse, croire que le gluten est nocif peut amplifier les symptômes digestifs ou mentaux.

Des recherches prometteuses, mais pas encore concluantes

Bien que le lien entre gluten et santé mentale soit intrigant, la science reste prudente. La majorité des études montrent que le gluten n’a pas d’impact significatif sur le cerveau ou l’humeur chez les personnes en bonne santé sans troubles digestifs.

Cependant, pour les cœliaques et les hypersensibles au gluten, l’amélioration des symptômes après l’élimination du gluten est bien documentée.

Faut-il bannir le gluten pour améliorer sa santé mentale ?

Pour les personnes cœliaques ou hypersensibles

Éliminer le gluten peut être bénéfique, tant pour la santé mentale que physique. Si vous ressentez des symptômes persistants comme de l’anxiété, de la fatigue ou des troubles de concentration, il peut être utile de consulter un professionnel pour évaluer une éventuelle sensibilité au gluten.

Pour la majorité des gens

Si vous êtes en bonne santé et que vous ne ressentez aucun effet secondaire lié au gluten, il n’y a aucune raison de l’éliminer. Une alimentation variée et équilibrée, riche en fibres et en nutriments, reste la clé d’une bonne santé mentale et digestive.

Le gluten, coupable ou innocent ?

Le lien entre gluten et notre humeur, notre santé mentale est complexe et dépend largement de la sensibilité individuelle. Pour les personnes atteintes de maladie cœliaque ou hypersensibles au gluten, cette protéine peut effectivement contribuer à des troubles de l’humeur ou à un brouillard mental. Mais pour la majorité des gens, le gluten n’est probablement pas le grand méchant qu’on imagine.

Avant de bannir le gluten de votre vie, prenez le temps d’écouter votre corps et de consulter des professionnels. Après tout, un esprit sain commence par une alimentation qui vous fait du bien… et si cela inclut une bonne tartine de pain complet, pourquoi s’en priver ?

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