Dans le monde du sport, l’alimentation est aussi importante que l’entraînement. Les athlètes cherchent constamment à optimiser leur énergie, leur récupération et leurs performances. Parmi les tendances alimentaires, le « sans gluten » s’est imposé comme une solution miracle. De Novak Djokovic à d’autres stars du sport, de nombreux champions ont vanté les mérites d’un régime sans gluten pour améliorer leurs résultats. Mais qu’en dit la science ? Faut-il vraiment bannir cette protéine pour atteindre ses objectifs sportifs, ou est-ce juste une mode de plus ?

Le gluten, une simple protéine au cœur des polémiques
Avant de parler de performances sportives, rappelons que le gluten est une protéine présente dans des céréales comme le blé, le seigle et l’orge. Pour les personnes atteintes de maladie cœliaque (environ 1 % de la population mondiale), consommer du gluten peut provoquer des réactions inflammatoires sévères et des carences.
Pour les non-cœliaques, le gluten est généralement bien toléré. Mais certains souffrent d’hypersensibilité au gluten non cœliaque (HGCNC), avec des symptômes digestifs et de fatigue qui peuvent perturber la récupération et les performances.
Alors, pourquoi tant de sportifs, même sans diagnostic médical, adoptent-ils un régime sans gluten ?
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Le gluten, l’inflammation et la récupération : un lien plausible ?
L’une des principales raisons avancées pour éviter le gluten est qu’il pourrait favoriser l’inflammation, un ennemi bien connu des sportifs. En théorie, moins d’inflammation signifie une meilleure récupération et donc de meilleures performances.
Cependant, la science est divisée :
- Une étude publiée dans Sports Medicine a conclu que le gluten ne provoque pas d’inflammation significative chez les personnes sans maladie cœliaque ou hypersensibilité avérée.
- En revanche, chez les individus sensibles au gluten ou souffrant de perméabilité intestinale (« leaky gut »), cette protéine pourrait exacerber les inflammations. Ces cas restent rares, mais ils peuvent concerner certains athlètes soumis à un stress physique intense.
Énergie et endurance : le gluten pénalise-t-il ?
Le blé, principal fournisseur de gluten, est également une source importante de glucides complexes, carburant de choix pour les muscles. En supprimant le gluten, les sportifs risquent d’éliminer une part importante de leurs apports énergétiques.
Une étude publiée dans Journal of the International Society of Sports Nutrition a comparé deux groupes d’athlètes : l’un suivant un régime sans gluten, l’autre consommant du gluten. Résultat ? Aucun avantage significatif en termes d’endurance, de force ou de vitesse n’a été observé chez ceux évitant le gluten.
Les sportifs sans gluten doivent donc compenser en consommant d’autres sources de glucides (riz, quinoa, pommes de terre) pour éviter les baisses d’énergie.
Les stars du sport : marketing ou réalité ?
Des figures comme Novak Djokovic ont attribué une partie de leurs succès à un régime sans gluten, affirmant qu’il améliore leur clarté mentale et leur énergie. Ces témoignages, bien que motivants, sont souvent anecdotiques et ne reflètent pas une vérité universelle.
Il est possible que des bénéfices ressentis soient liés à d’autres facteurs, comme une alimentation plus équilibrée ou une réduction des aliments ultra-transformés. Ces changements, et non le retrait du gluten en soi, pourraient expliquer leurs améliorations perçues.
Les risques d’un régime sans gluten pour les sportifs
Adopter un régime sans gluten sans raison médicale peut entraîner plusieurs risques, en particulier pour les athlètes.
- Carences en nutriments : Le gluten est souvent associé à des aliments riches en vitamines B, fer et fibres. En les éliminant, les sportifs doivent être vigilants pour maintenir un régime équilibré.
- Réduction de la diversité du microbiote : Une étude de Clinical Nutrition a montré que les régimes sans gluten prolongés peuvent appauvrir le microbiote intestinal, ce qui peut affecter la santé générale et la récupération.
- Aliments ultra-transformés : Les produits sans gluten industriels sont souvent riches en sucres et en additifs, ce qui peut être contre-productif pour des performances optimales.
Dans quels cas le sans gluten peut-il être bénéfique ?
Certains athlètes peuvent réellement bénéficier d’un régime sans gluten, mais cela dépend de leur condition individuelle.
- En cas de maladie cœliaque ou d’HGCNC : Pour ces sportifs, éviter le gluten est indispensable pour réduire les symptômes et favoriser une meilleure absorption des nutriments.
- En cas de troubles digestifs liés au stress physique : Les sportifs d’endurance, soumis à des marathons ou triathlons, peuvent souffrir de troubles digestifs exacerbés par le gluten. Dans ces cas, une réduction temporaire peut être bénéfique.
Ce que disent les chiffres
- Selon une enquête de Sports Nutrition Europe, environ 40 % des athlètes amateurs et professionnels ont déjà essayé un régime sans gluten, bien que seuls 5 à 10 % aient un besoin médical réel.
- Une méta-analyse de Nutrients conclut que les régimes sans gluten n’améliorent pas les performances physiques chez les individus sans hypersensibilité ou maladie cœliaque.
Faut-il supprimer le gluten pour mieux performer ?
Pour la plupart des sportifs, la réponse est non. Si vous n’avez pas de troubles digestifs ou de diagnostic médical, le gluten n’a aucune raison d’être banni. Il peut même être une excellente source d’énergie et de nutriments.
Cependant, si vous soupçonnez une sensibilité ou si vous ressentez des symptômes récurrents, il peut être utile d’essayer un régime sans gluten sous la supervision d’un professionnel.
Plutôt que de céder aux tendances, il est préférable de privilégier une alimentation équilibrée, riche en aliments naturels et adaptée à vos besoins spécifiques. Après tout, dans le sport comme dans la vie, la clé du succès, c’est l’équilibre. Alors, gluten ou pas gluten, ce qui compte, c’est d’être bien dans vos baskets (et dans vos intestins).